" Dites à la ville que je ne reviendrai pas..."
Xavier Grall
Depuis 2017, Žilda tourne le dos aux murs des métropoles croulants sous les œuvres urbaines consommées aux Smartphones. Aux villes-vitrines, aux circuits conventionnels d'un Street Art devenu ultra médiatisé et à l'exact opposé de ses chemins tellement empruntés, l'artiste s'en va épouser la pierre légendaire et réveiller les vieux mythes de sa chère Bretagne. Par besoin de renouer avec ses racines ? Par nécessité de connecter son travail à un monde plus authentique ? Il y a bien de cela dans le projet de Žilda qui nous invite à découvrir à travers son "Tro Breiz" l'imaginaire breton de ses ancêtres, syncrétisme magique de forces païennes et chrétiennes. Par des chemins secrets, inconnus des guides touristiques, le peintre nous embarque au fond des campagnes jusqu'au bout d'un monde insulaire pour nous révéler Madonnes trimamaires, Saintes céphalophores et autres Dieux celtes tricéphales. L'artiste redonne chair par ses peintures à de vieilles croyances arrachées à des gwerzioù, à des grimoires, ou puisées de source vive dans la mémoire des anciens. Les mythes resurgissent par ses personnages de papier en leur lieu originaire : ruines douloureuses d'un château légendaire, écoulement d'eau sacrée, magie d'un chêne centenaire. Qu'importe que la pluie et les grands vents Atlantiques les emportent puisque chaque peinture est une offrande aux éléments. Dissoutes dans la brume, imprégnées de l'odeur de terre humide, nous observons, nos sens en éveil, les œuvres se fondre dans un grand tout, communier avec l'esprit du lieu et profiter de son mystère. Qui rencontrera ces œuvres ? Peu de gens, me direz-vous... Žilda vous répondra :
" À mille spectateurs dans une rue passante, je préfère n'en surprendre qu'un seul dans les particularités d'un lieu isolé. Je préfère interroger le flâneur rural, le promeneur, le pêcheur, le mystique, l'âme du solitaire dans ses dispositions méditatives plutôt qu'un troupeau de citadins aux yeux vides à force d'être saturés de pubs et d'images. Un seul spectateur, c'est déjà tout un monde ! Un seul témoin, c'est une possible passation, une transmission de bouche à oreilles, vibrante comme aux temps anciens. Peut-être qu'une rumeur flambera au cœur d'un bistrot. Peut-être que ces histoires se prolongeront encore un peu dans un verre de lambig. Peut-être même un peu plus loin dans l'écho du canton. J'aurai alors réussi mon pari : faire de chacun de nous un conteur, un passeur de mémoire qui protège les dernières braises de nos vieilles légendes qui s'oublient. "